Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
alexandra part au tibet
alexandra part au tibet
Publicité
Archives
28 mars 2007

Soleil rouge

7h50. Un gros soleil rouge se lève sur Paris, pareil à celui qui surgit au-dessus des berges du Nil, gros disque solaire donnant du relief aux rares nuages blanc-gris fendant l’ozone parisien. Souvenirs d’un folklorique parcours en train entre Assouan et Le Caire car même rondeur rougeoyante. Cette fois je rejoins la N 20, c’est moins réjouissant !

Rouge justement. Déception ce matin au point d’en pleurer : j’avais 3 jours de retard, j’y croyais. Mais ce n’est pas pour cette fois. Je sais, encore des histoires de filles qui ne pensent qu’à leur ventre, tu parles d’une originalité. Tant pis, que ceux que ça gave passent leur chemin.

Jusqu’à 30 ans j’étais persuadée être très originale justement, je cherchais ma voie royale, je rêvais de destin, d’accomplissement, d’aventures, de beaux métiers (écrivain-voyageur, reporter, photographe, archéologue)…vous voyez mieux le titre de ce blog maintenant ?

A 40 ans, j’ai pensé : « j’y arriverais pas. Pas les moyens. Pas le courage. Pas le talent. Même pas les idées claires sur ce que je veux vraiment. Si je faisais un bébé ? ». Je ne m’étais jamais imaginée sans enfant et en même temps les contraintes pratiques m’apparaissaient tellement nombreuses que je ne franchissais pas le pas. Sur mon chemin le matin, tous ces parents galopant accrochés à la poussette canne, traînant le dimanche au parc Montsouris, choisissant la couleur du monospace (obligé dès qu’on a un mioche !). Regards un peu condescendants et sur l’épaule le petit diable sussurant perfide : «  et toi qu’est-ce que tu as fait de mieux ? T’es sûre de jamais regretter ? ». Cette foutue idée de réalisation mais qui m’a mis ça dans la tête ?  Je n’entreprenais rien mais je préservais ma liberté pour que subsiste cet avenir virtuel. Idiot. Au final sur le carnet de note de ma vie, la moyenne partout. « Elève sérieuse, travail régulier. A progressé mais peut mieux faire. » Le niveau de vie : moyen. L’appart : moyen. Le travail : moyen. La vie de couple : moyen. Un bébé dans cette médiocrité ? Moyennement envie. Attendre que la note se relève. Ne s’est pas relevée. Le vilain nombre sur le gâteau d’anniversaire, la tronche sur les photos, j’avais envie de souffler jusqu’à projeter loin la sale bougie. 40 ans. Quoi, déjà ? Vite, trouver sur Internet les courbes de fertilité par âge : une vraie piste noire à partir de 35 ans. Bon, comment ça marche tout ça ? Ouais moquez-vous le principe de mise en route oui mais le cycle, la période d’ovution, les ovocytes et tout le fatras les cours de sciences nat sont un peu loin !. Conclusion : oula ma bonne dame, c’est maintenant que vous vous réveillez ? bah il est temps ! Je veux pas vous faire peur mais c’est pas gagné d’avance. Tentons, on verra bien.

Juin 2005 après quelques mois, banco ! Sensation d’avoir décroché le pompon rouge narguant les mômes au manège. Grossesse superbe et accouchement en mars 2006 d’un beau garçon. Le bonheur, depuis. Chaque jour, chaque heure passée avec lui m’apparaît comme un cadeau du ciel. Le doute aussi en filigrane car j’aurais 61 ans quand lui en aura 20. Je sais de quoi je parle, mon père avait 51 ans quand je suis née. Le choc à l’entrée au collège quand les petits camarades de classe fanfaronnent « dis-donc ton père on dirait ton grand-père ». Honte d’indiquer « retraité » près de la case profession du père sur la fiche qui revient chaque année en septembre. On n’a pas les moyens quand on est gosse d’assumer le regard des autres, en tous moi je n’y arrivais pas et dieu sait que je n’ai pas manqué d’amour. Et ni frère ni sœur avec qui partager ce poids. Finalement orpheline de père à 25 ans. C’est une réalité ça.

Alors pas d’excuse pour avoir autant attendu, je savais. Hélas pas le droit de revoir la copie, juste avancer en notant dans un coin de sa tête toutes les raisons pour lesquelles tout ça n’est pas si important : plus de maturité, plus de choses à trasmettre, aujourd’hui on vieillit plus de la même façon, de plus en plus de femmes ont des enfants tard...mais quand même ce fond de culpabilité qui demeure. Je ne veux plus qu’on célèbre mon anniversaire.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité