It’s a long way…

Suis tombée par hasard sur une interview télévisée de Muriel Robin, faite par la reporter Marine Jacquemin (l’émission s’appelle Conversations secrètes). Muriel Robin m’émeut. A évoqué la mort de sa mère et son sentiment malgré le chagrin, d’être plus légère, plus libre, délestée du poids du regard des parents. De sa difficulté à être et du temps qui lui a été nécessaire pour se connaître et s’aimer. Les gens qui doivent batailler ferme pour se trouver et s’accepter me touchent toujours. Je m’y reconnais sans doute. Pour les uns le chemin semble facile, évident, pour les autres il est tellement dur. On peut avoir la sensation de temps gâché quand une personne ne trouve son harmonie intérieure qu’une fois la moitié du chemin parcourue mais je pense que ce temps est largement rattrapé par la soif qui s’impose ensuite de vivre chaque minute pleinement en se concentrant sur l’essentiel et sur la qualité de l’être qui en sort.

Ça me fait penser au film de Jane Campion « Un ange à ma table », l’histoire vraie de cette écrivaine néo-zélandaise internée parce que d’une timidité maladive la rendant totalement asociale, finalement sauvée de la trépanation par l’écriture. Les scènes où l’on sent son mal-être, sa souffrance d’être incapable d’être elle-même, de communiquer normalement avec les autres malgré son désir d’aller vers eux et sa maladresse lorsqu’elle tente enfin de surmonter cet enfermement…Complètement prisionnière du regard des autres.

Elle m’a émue aux larmes Muriel parce qu’elle parle de tout cela sans fioriture, sans amertume, sans orgueil, c’est son chemin à elle et c’est tout. Et c’est vrai qu’on a le droit de faire les choses tard, quand et seulement quand on est prêt, on a le droit de se chercher longtemps parce qu’on est exigeant. On a le droit d’avouer que le regard d’amour mais aussi de fierté (donc d’exigence) des parents est un poids et qu’on reste un enfant face à eux. On a le droit de ne pas entrer dans le moule et la vie ne se vit pas seulement entre 20 et 40 ans…